« Oui mais pour nous ça ne marcherait pas »
Ces petites objections qui freinent innovation, changement, amélioration.
Avez-vous entendu ou prononcé vous-même ces phrases ? Peut-être ont-elles généré une petite gêne, plus ou moins consciente. Écoutez cette petite voix, elle nous dit qu’il y a là une résistance qui empêche d’explorer une proposition potentiellement porteuse de valeur pour soi ou son équipe. Encore faut-il savoir les exploiter : voici quelques pistes issues de notre expérience pour les comprendre et savoir rebondir en tant qu’accompagnant, manager ou les 2 😉 …
« On le fait déjà / on l’a déjà tenté »
Apple n’a pas inventé le téléphone à écran tactile. Il a développé l’idée d’une façon plus juste, à un meilleur moment, avec une intention plus forte et des technologies adaptées, dans un monde prêt à l’accepter.
Une question (potentiellement) puissante face à cette objection : “Qu’est-ce qui dans cette proposition pourrait faire que cette fois ça marche ?” ou “Quelle manière différente de le faire permettrait de générer ce que l’on souhaite ?”
« Ah oui, mais c’est du bon sens »
Le bon sens est l’intermédiaire entre l’ignorance et la connaissance bien assurée. Il est la raison sans raisons.
http://agora.qc.ca/dossiers/Bon_sens
Par exemple, peut-on dire qu’un chef de projet qui débute un projet en disant : “avant de commencer le projet, il serait bon de spécifier l’ensemble de ce qui va être réalisé, et planifier précisément la réalisation afin de définir le budget” ne fait pas preuve de bon sens ? Pour certains si, pour d’autres non. Ces derniers s’appuieront sur les échecs répétés de ce type d’approche pour répondre : “l’expérience nous dit que des imprévus arriveront inévitablement qui nous obligeront à revoir nos plans et fausseront nos prévisions”.
Des questions (potentiellement) puissantes face à cette objection : “Qu’est-ce qui nous dit que c’est du bon sens ? L’inverse ne l’est-il pas aussi ? Si c’est effectivement du bon sens, agissons-nous constamment en ce sens ?”
« Oui mais pour nous ça ne marcherait pas »
La crainte exprimée par cette phrase est en fait celle du “copier-coller” inadéquat. Or une proposition formulée face à une situation complexe ne suffit pas en elle-même : c’est un point de départ (une inspiration) à partir duquel il va falloir concevoir un premier pas pertinent dans notre situation spécifique.
Des questions (potentiellement) puissantes face à cette objection : “Quelles opportunités porte cette proposition ? Qu’avons-nous peur de perdre qui est important pour nous si on suivait cette proposition ? Quel petit pas pourrait-on effectuer qui permettrait de tester cette proposition ?”
« Ça c’est dans le monde des bisounours »
🙂 Je crois que c’est celle qui me met le plus en réaction parce qu’elle touche à une valeur importante pour moi qui pourrait ressembler à :
Vivre c’est faire résonner ses rêves avec la réalité.
Dans ce cas, j’essaie de me dire : “Respire, quelle est la partie utile de cette objection ?” : le plus souvent, elle signale une difficulté à se projeter dans une vision réalisable : justement, la réalité ne résonne pas avec le rêve, trop lointain.
Une question (potentiellement) puissante face à cette objection : “Ça nous paraît irréalisable, mais si on le considère comme une direction, y a-t-il des choses que nous pourrions faire pour aller vers ça ?”
« Ah oui ben c’est du … codev / design thinking / … (truc cool à la mode) »
Ça, ça essaie de nous dire que “on connait déjà”, rien de nouveau, donc rien à en tirer de plus que ce qu’on en a déjà tiré jusqu’à aujourd’hui. Or, même si la proposition peut effectivement entrer dans la case en question, si elle a été émise à ce moment-là, c’est que la personne qui l’a émise y voit une pertinence. Tout l’enjeu est de refocaliser les esprits sur le potentiel en levant les frein des désillusions passées (“encore un truc à la mode qui va s’essoufler”).
Une question (potentiellement) puissante face à cette objection : “Si j’expliquais à ma grand-mère, sans jargon ni terme à la mode, ce que cette approche pourrait apporter à notre situation, que lui dirais-je ?”
Et vous, quelles objections entendez-vous qui vous paraissent empêcher une réelle exploration des propositions ? Et qu’en faites-vous ?